"La Vie Hospitalière"

mercredi 4 mars 2009

Le Professeur Jean cabane s'adresse à la ministre de la Santé

Lettre du Pr Jean Cabane à Roselyne Bachelot


FACULTE DE MEDECINE PIERRE & MARIE CURIE

Enseignement de spécialité de médecine interne

Professeur Jean Cabane

jean.cabane@sat.ap-hop-paris.fr


Lettre ouverte à Madame

Roselyne BACHELOT

Ministre de la Santé

Madame le ministre,

L’hôpital, est-il besoin de la rappeler, c’est d’abord les malades et ceux qui s’en occupent et son bon fonctionnement repose sur les services hospitaliers depuis des siècles. Quelle qu’en soit la taille, les services apportent aux médecins et aux soignants une motivation dans une unité de lieu et une thématique médicale adaptées au soin optimal des malades qui y sont soignés. C’est dire l’importance des cadres qui les animent et en particulier des chefs de services.

Pédagogiquement, les services accueillent aussi des étudiants en cours ou en fin de formation et les responsables comme moi sont très attentifs à la qualité essentielle du compagnonnage dont les externes et internes bénéficient de la part des chefs de services et de leurs collaborateurs.

En tant que coordinateur interrégional de la commission d’enseignement de la spécialité de médecine interne, je ne peux donc concevoir la formation pratique des internes sans chefs de service et les membres de la commission que j’anime visitent régulièrement lesdits services pour en vérifier la qualité pédagogique. En tant que chef de service moi-même, je peux vérifier au quotidien que les personnels sont au diapason du service et que l’absence du chef de service est démotivante et nuisible au bon fonctionnement, donc au soin des malades et à la formation des jeunes médecins. Le recrutement des collaborateurs et en particulier des internes, l’animation des soignants, la sécurité des malades, les relations avec les administrations et l’environnement santé, et j’en passe, ne sont faits que par le chef de service.

Il est donc tout à fait choquant que le renouvellement des chefs de service soit bloqué par la non-publication de la liste d’aptitude depuis le début de l’année. Cette façon de laisser les structures dans un vide insupportable relève au minimum de l’incurie et au maximum d’un nihilisme abominable, puisqu’elle porte atteinte à la tête des cellules vitales de l’hôpital public. Comme si vous vouliez faire fonctionner un animal sans cerveau, des cellules sans noyau, une bactérie sans ADN. Aucune structure autre que le service hospitalier dirigé par un chef de service n’a démontré son efficience pour faire fonctionner le système, tant au plan des soins qu’au plan pédagogique.

Je préfère croire qu’il s’agit d’un oubli plutôt que d’un acte délibéré de démantèlement des services hospitaliers. Quoi qu’il en soit, Madame, je vous adjure de faire cesser d’urgence cette situation de fait tout à fait délétère pour la formation des jeunes médecins, la motivation des équipes, l’hôpital et la santé publique.

Croyez, Madame le ministre, à mes sentiments dévoués

Professeur Jean CABANE



(Communiqué MDHP du 3 mars 2009)

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