"La Vie Hospitalière"

vendredi 18 juin 2010

Retraités maltraités

Le rideau est levé la politique spectacle apparaît sur le devant de la scène. Bien piètre, que tout ceci.
Après un conditionnement insidieux pour orchestrer la réforme des retraitessréalité n’était pas un problème crucial, mais il fallait cependant qu’il le soit dans les esprits pour conforter l’hégémonie d'une politique totalitaire.

La mise en œuvre du consentement c’est d’ailleurs fait autour d’arguments souvent erronés. Le premier étant l’exagération de la donne démographique mise en avant pour justifier un futur déficit aléatoire. On sait néanmoins que la natalité a été plus importante que prévue, ce qui minimise, de fait, l’argumentaire autour de cette donnée. Qu’importe, le pouvoir a passé outre trouvant sans doute que la raison démographique avait un impact fort sur les consciences. Il a en partie réussi puisque des naïfs sont tombés à pieds joints dans ce piège grossier et vont donner un sérieux coup de main au diktat du Medef en préconisant l’allongement des cotisations. On pense tout de suite aux cadres de la CFDT et leurs « nullissime » secrétaire Chérèque, mais aussi à beaucoup de socialistes qui se taisent sur cette éventualité en criant seulement au scandale autour de la remise en question de la date fatidique des 60 ans. Pourtant, si l’on augmente la durée des cotisations, il est évident que l’autorisation de prendre sa retraite à 60ans ne voudra plus rien dire et ne sera qu’un faire valoir pour ceux qui se prétendent les défenseurs du travailleur, à l’évidence beaucoup de gesticulations stériles et de déclarations d’intentions tout aussi fumistes pour ne pas brusquer un futur électorat.


second argument souvent mis en avant, à savoir, les fluctuations du PIB.

Là, c’est le summum de la malhonnêteté car prétendre quel sera le PIB de 2020 alors qu’un an avant la crise on n’a même pas été capable de prévoir qu’elle était imminente, et que cela se solderait par une récession, à l’évidence il ne faut pas manquer d’aplomb, voire de culot pour statuer ainsi sur l’avenir. Une tromperie de plus, mais de taille celle-là !

Il est évident que les capitalistes connaissent les solutions qui sont les plus simples pour régler ce problème. Réduire le chômage, augmenter les salaires les moins élevés (comme ce sont les plus nombreux, les pourcentages étant les mêmes, les rentrées seront néanmoins plus importantes en valeurs), augmenter substantiellement les cotisations patronales, sont les pistes qui permettraient, sans mettre le pays sans dessus-dessous, de laisser le départ à la retraite à 60ans, voire avec une durée de cotisations de l’ordre de 37ans et demi. Ce n’est pas une utopie, mais un simple bon sens que chacun avec un tant soit peu de jugeote aura compris. Alors pourquoi compliquer les choses. Mais, déjà, faire payer un peu plus les patrons est là une vraie utopie car on connaît les arguments pour expliquer que cela n’est pas possible ; alors on entendra gémir : qu’en leur prenant une petite part de bénéfice on va réduire la compétitivité de l’entreprise, diront-ils éplorés ; en réalité on va surtout réduire la marge des revenus du capital, ou le salaire de l’employeur dans une PME, et ça c’est inconcevable !

Toutefois, si l’on examine les raisons d’un tel acharnement on s’aperçoit que l’affaire est encore plus subtile que cela, il s’agit de la disponibilité du travailleur, la mise à disposition inconditionnellement de celui-ci pour la rentabilité du capital.

La centralité existentielle du travail a longtemps été une notion sous-estimée. Lorsque l’union de la gauche a décidé que l’âge de la retraite devait se faire à 60 ans on disait que cela était un âge raisonnable pour pouvoir s’extraire de la contrainte journalière du travail, mais sans aller plus loin dans la réflexion de la place du travail dans la société. Raison de plus pour ceux qui occupaient un emploi seulement rémunérateur, une obligation pour pouvoir vivre, comme c’est le cas pour la majorité des gens ; au demeurant, peu sont ceux qui ont la chance de faire ce qu’ils aiment ce qui aurait dû dèjà susciter un peu plus d’analyse sur le sens de nos vies.

Donc, en prenant l’un des raisonnements le plus simple tel que ce fut le cas à l’époque, le moins longtemps l’on est sous la contrainte, plus on augmente l’espérance de vie. Avec ne l’oublions pas aussi que l’on avançait que le temps libre des anciens, une retraite correcte leur permettaient de consommer plus avec un temps plus important. Ce fut aussi une des raisons avancées pour les 35 heures. Si l’on ne peut contester l’argument économique, le mieux être qu’il procure, on reste cependant dans la logique de l’économie capitaliste et ce non démarquage sera l’élément moteur des régressions à venir. La valeur travail et revenu restant l’élément déterminant des concepts sociétaux.

Depuis, l’allongement de l’espérance de vie à fait aussi partie des fallacieux arguments pour arguer le recule du départ à la retraite ; ce qui fait apparaître la caducité du raisonnement puisqu’en augmentant la durée du travail on va diminuer l’espérance de vie de part un épuisement plus grand. Raisonnement caduc donc, mais volontairement utilisé à l’envie car seul, pour le capital, la notion de travail importe.

C’est surtout que le travail est devenu l’incontournable élément variant de la rentabilité du capital. On a bien dit le « travail », et non pas le travailleur, car c’est toute la nuance ; le travailleur en tant être humain n’existe plus ; il est le rouage faisant fructifier le capital ; rouage que l’on veut mettre à disponibilité sans condition. Donc, peu à peu, on a transformé les consciences pour que le simple citoyen ne pense plus qu’en termes de travail, en servilité autour de ce concept, le temps libre n’étant que le moment pour récupérer de quelques fatigues, puis consommer de façons conditionnées pour faire tourner le système. Le respect pour le travailleur de la part de l’oligarchie n’est plus que cela, un pion que l’on déplace, exploite, jusqu’à lui faire participer encore plus au système en amenant insidieusement les retraites vers la capitalisation. Capitalisation qui sera le jouet des caprices, du bon vouloir des spéculateurs.

Pourtant, si l’on regarde de près l’orientation des propositions du gouvernement c’est exactement ce qui va se passer dans les années à venir, de plus en plus de capitalisation, de moins en moins de répartition… C’est bien l’aboutissement d’un concept idéologique, celui du capitalisme incontournable.

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