"La Vie Hospitalière"

dimanche 16 octobre 2011

Centre Hospitalier Sud-Francilien : le gouffre financier sans fond!

La coexistence des services publics hospitaliers et des établissements privés à but non lucratif semble s'être banalisée depuis quelque années, certains arrivent même à créer la confusion dans les esprits : on parle "d' établissement de santé publique", on voit même les nouvelles cliniques s'appeler  Hôpital privé (1)...c'est le temps du n'importe quoi à partir du moment où la logique est de "soigner son portefeuille" sur le dos des malades, des handicapés, des personnes âgées...
Bref, la situation est à son paroxisme, on prend tout autant les usagers pour des imbéciles...on les laisse dans le flou absolu en ce qui concerne les informations qu'ils sont en droit d'avoir sur les coûts réels des hospitalisations, sur les prises en charges effectives par la Sécurité sociale...les dépassements d'honoraires ne sont pas toujours justifiés...

Quant aux financements de ces hôpitaux privés qui enrichissent que les actionnaires de sociétés à but lucratif  telles que la "Générale de santé" (premier groupe européen d'hospitalisation privée) et qui s'installe un peu partout (2) ou encore "Vitalia", ou "21 Centrale Partners" (3)...ces nouveaux établissements concurrencent  de manière plus ou moins  déloyale le secteur public hospitalier (qui doit supporter des charges qui ont rien à avoir avec le secteur privé lucratif et..."non lucratif"...

Aujourd'hui le summun est atteint dans l'intégration des capitaux privés dans  le fonctionnement d'établissements publics de santé  l'exemple vient du "Centre Hospitalier Sud-Francilien " (4) qui regroupe 27 établissements.

C'est (sic) le plus grand chantier hospitalier de France, l'ennui c'est que le constructeur  en est le propriétaire, il louera ainsi le complexe réalisé au Centre Hospitalier Sud-Francilien (CHSF) pour  une somme de plusieurs millions d'euros et ceci pendant trente ans !

Comme il y a de très nombreuses malfaçons le CHSF, qui devait ouvrir en janvier 2011, tarde de plus en plus, toutefois,  en janvier 2012  si les vices  ont été rectifiés, le CHSF pourrait être opérationnel...une année sera passée ce qui donne une idée de l'importance des imperfections.

Déjà des établissements du regroupement réalisé sous le sigle CHSF sont vendus...ainsi l'Hôpital Louise Michel d'Evry-Courcouronnes, dont les personnels devront quitter dans les mois à venir leur établissement, coûte que coûte... 

L'Hôpital Louise Michel
(Photo "La Vie Hospitaliere")


 Vue du hall d'entrée
(Photo "La Vie Hospitaliere")

 Les personnels demandent à être entendus par Monsieur Claude Evin (Directeur de l'ARS Ile-de-france), estimant que ce n'est pas à l'établissement de porter la dette de 1,8 milliard d'euros et que ce n'est pas aux personnels de payer les loyers, ni aux usagers de payer les actionnaires!

Les syndicats estiment à juste titre que :

"La population Essonnienne est en droit d'attendre le développement d'un service public moderne et seul le service public hospitalier est le garant de l'accès aux soins pour tous sur tout le territoire."

 Une association s'est constituée pour défendre les intérêts des personnels et des usagers, son siège  se  trouve à Viry-Chatillon. Elle dénonce notamment le baïl et exige le retour au financement public, un blog a été réalisé, on peut y lire que la Société EIFFAGE (le constructeur) demande 100 millions d'euros à l'établissement, et que le loyer annuel  passe de 30 millions à 41 millions d'euros (soit un surcoût pour le contribuable de 330 millions d'euros sur 30 ans). Et, cerise sur le gâteau : la société EIFFAGE demande au CHSF de payer 38 millions d'euros pour l'année 2011 !
Mais enfin les vices cachés ce ne sont pas ni l'établissement, ni les personnels, ni les usagers qui doivent en faire les frais, le CHSF devrait se retourner contre la société EIFFAGE car non seulement cette société est responsable des travaux qui doivent être dans les normes, mais encore tous les frais doivent être à sa charge, de plus c'est le CHSF qui pourrait demander des dommages et non la société EIFFAGE.

Si ce n'est pas là un scandale financier comment devons-nous l'appeler?

Ceci écrit "La Vie Hospitalière" rappelle l'article publié en avril qui faisait état d'une panne du système des quatre groupes électrogènes, qui avaient pris le relais suite à une coupure du réseau EDF pour une mise en conformité. Imaginons que cette panne intervient alors que le CHSF est en activité, c'est effectivement fortement préoccupant.
Et, c'est la raison qui fait qu'avant toute réception des locaux une visite du CHSCT  doit  être préalable à tout déménagement et ouverture de service sur le nouveau site, avec bien évidemment  toutes les réserves qui s'imposent compte tenu des nombreuses imperfections.


(A suivre)







1) Le mot "hôpital" lui n'existe pas dans le texte de la loi  HPST... que dans le titre,  l'hôpital est  remplacé  par établissement de santé...les "territoires"  remplacent les "bassins de vie", les "Conseils d'administration" deviennent des "Conseils de surveillance"...que de changements...

2) Directeur général : Pascal Roché (depuis le 30 juin 2011), Actions détenues (directement et indirectement) à près de 80 % par "Santé Développement Europe"  le Docteur Antonio Ligresti est le président du Conseil de surveillance.
La "Générale de Santé" ce sont 110 établissements de santé, avec 23.800 salariés dont 500 membres des professions médicales...
C'est cette même "Générale de Santé" qui a dernièrement annoncé une nouvelle stratégie et un projet de réorganisation qui se traduira par :... des suppressions de postes administratifs...tout est bon pour optimiser. Le seul but recherché,   étant dans la finalité le profit,  et, bien évidemment, toujours plus de profits...Mais jusqu'à quand?...la question est posée.

3) Société de gestion de fonds  (holding d'investissement datant de 1909)...possède des bureaux à Milan, Trévise...

4) Voir aussi notre article du 21 septembre : "Centre hospitalier Sud-Francilien...Rien ne va plus!"
 5) ...à ne pas confondre pourtant  avec un établissement de santé publique  qui lui peut être à 100 % privé.
201110151712

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