"La Vie Hospitalière"

mercredi 21 décembre 2011

Après la grippe porcine...

Un article d' Anne Poupon  (Directrice de recherche au CNRS, nous a interpellé et conforté sur l'hypothèse que le virus H5N1 pourrait être un virus sorti d'un laboratoire, pourquoi pas en fait...?...

D'autant que des reherches s'effectuent dans ce sens...et trouver un virus pathogène  ayant plus  de possibilités de détruire  une bonne partie de l'humanité est une arme très efficace...à croire que les hommes passent leur vie à se détruire...là l'OMS  pourra déclarer une pandémie causée par un virus influenza extrèmement radical...  quant aux différents vaccins qui seront proposés (selon les laboratoires) nous préférons même pas y penser, car le gouvernement était déjà à la limite d'imposer aux citoyens la vacination obligatoire, et probablement dans des conditions ne respectant absolument pas les droits humains...il faut s'en rappeler.

Quant aux millions d'euros perdus dont une bonne partie a fait le bonheur des actionnaires des groupes pharmaceutiques, c'est déjà du passé. Et, puis il y a eu d'autres scandales comme celui du MEDIATOR, et maintenant c'est au tour des prothèses mammaires de la marque PIP (1)...

Ceci écrit les centres hospitaliers ont été obligés de se doter de masques que l'Etat (sic) n'a jamais remboursé.
Mais comme c'est étrange, quand même, on ne parle plus de la grippe en ce moment, il est vrai que la crise "mondiale" c'est déjà pas mal pour occuper les esprits...




De « très méchantes bestioles » en laboratoire

Le 6 décembre, la radio annonçait les résultats d’une expérience menée par des chercheurs hollandais, qu’ils espèrent bien publier dans la très courue revue scientifique Science. L’équipe du professeur Ron Fouchier, dont la qualité est attestée par une impressionnante liste de publications, a créé, à partir du déjà très célèbre H5N1, un virus plus mortel que tous ceux qui existent dans la nature. Car, si la mortalité chez les personnes infectées par la grippe aviaire est d’environ 50 %, le virus à l’état naturel n’est pas transmissible entre êtres humains, ce qui limite les risques d’épidémie.

Les scientifiques de l’équipe de Ron Fouchier ont manipulé le génome de ce virus afin de le rendre transmissible entre êtres humains, faisant ainsi tomber la dernière protection de la population humaine. Un article de ScienceInsider, un des blogs de la revue Science, nous apprend qu’une autre équipe – celle du virologiste Yoshihiro Kawaoka, à l’université du Wisconsin – a mené des travaux similaires, menant à des résultats comparables, et dont l’article a également été soumis à Science [1].

Ces scientifiques prétendent poursuivre leurs recherches afin de mettre au point un vaccin, destiné à se défendre contre un virus similaire qui apparaîtrait de manière naturelle.

Est-ce que le danger de voir ce virus s’échapper, par malchance, par négligence ou par malveillance, n’est pas bien plus grand que la justification évoquée ?

Est-ce que personne ne se rappelle le virus H1N1, vraisemblablement échappé d’un laboratoire en 1977 [2], ou du bacille du charbon envoyé par la poste depuis le laboratoire militaire de Fort Detrick, en octobre 2001 [3] ?



La presse et la communauté scientifique américaines ont commencé à s’émouvoir [4]. Etant donné la dangerosité potentielle de ces recherches, le National Science Advisory Board for Biosecurity (NASBB) a été sollicité pour donner son avis sur l’opportunité de publier ces travaux. Cependant, cet avis n’est pas contraignant, et, même si la revue Science s’y plie, les auteurs trouveront certainement un journal prêt à les publier, attiré par le taux de citation prévisible d’un tel article.

Y a-t-il vraiment de quoi être fier ? Comment peut-on comprendre que des chercheurs, dont la motivation première devrait être d’œuvrer au bien de l’humanité, inventent une telle menace alors qu’il y en a déjà tant ? Les motivations sont probablement à chercher du côté du besoin désespéré de notoriété.
À une époque où les scientifiques sont mal rémunérés et travaillent dans des conditions matérielles déplorables, la perspective d’une publication dans Science peut faire oublier ses objectifs de départ. De plus, cela permet de décrocher des contrats, en particulier avec l’industrie pharmaceutique, les industries de l’armement ou même l’armée, et ainsi de ne plus passer la moitié de son temps à chercher l’argent nécessaire pour faire de la science l’autre moitié. Ce contexte de déconsidération et de misère de la recherche, dont l’ensemble de la communauté scientifique souffre quotidiennement, peut expliquer mais ne justifie pas.

La conservation de ce virus, même dans un laboratoire « sécurisé » (les militants de Greenpeace, qui ont réussi à pénétrer lundi 5 décembre dans le périmètre de deux centrales nucléaires, ont montré toute la portée de ce terme), et les protocoles expérimentaux permettant de le recréer font courir un risque inadmissible à l’humanité. Constatant la dangerosité du virus qui a émergé de leurs recherches, les auteurs n’avaient-ils pas le devoir de le détruire, ainsi que toutes les notes qui pourraient permettre de le recréer ? Richard Ebright, biologiste moléculaire à l’Université Rutgers et à l’Institut Médical Howard Hughes déclare ainsi que « ce travail n’aurait jamais du être fait ». Loin d’enterrer leurs recherches, les scientifiques veulent les publier, offrant ainsi au monde entier l’arme de destruction massive pour le moment enfermée dans leur laboratoire. A l’instar de nombreux chercheurs, notamment américains, Ebright n’est pas favorable à l’interdiction de la publication de ces travaux car « on ne peut pas supprimer a posteriori un travail qui a été effectué dans des conditions non classifiées ». Pour autant, deux arguments méritent d’être entendus. Le premier est que, comme le déclare Michael Osterholm, membre du NSABB, « nous ne voulons pas donner aux méchants le mode d’emploi pour transformer les méchantes bestioles en très méchantes bestioles », et si les recherches ne sont pas classifiées au sens militaire du terme, la concurrence impitoyable entre les équipes de recherche amène un niveau de sécurité des données relativement satisfaisant. Le second est que cela revient à cautionner a posteriori ces travaux, et même à les récompenser.

« Il ne faut pas laisser les intellectuels jouer avec les allumettes », disait Prévert ; la question qui reste en suspens est : comment ? Il existe dans chaque pays des dispositifs, des organismes, des législations, floues, peu appliquées, peu contraignantes, et assez largement ignorées par les principaux concernés : les scientifiques. Mark Wheelis, professeur retraité en contrôle des armements à l’Université de Californie déclare à propos des travaux de Ron Fouchier que « c’est un excellent exemple de la nécessité d’un système robuste et indépendant de revue et d’approbation en amont des expériences dangereuses ».

A l’heure où l’on empile les lois et décrets sur l’utilisation à des fins de recherche des cellules souches, en mélangeant questions éthiques et émotionnelles, ne serait-il pas plus important de se préoccuper de ces recherches potentiellement dangereuses ? Des scientifiques ont bien sûr déjà émis l’idée que certaines recherches devraient être tout bonnement interdites [5]. Dans le mécanisme de contrôle proposé par quatre chercheurs du Centre pour les études internationales et de sécurité du Maryland [6], les recherches menées par les professeurs Fouchier et Kawaoka auraient été classées comme « activités extrêmement préoccupantes » et auraient nécessité une approbation préalable par un organisme de contrôle international. En 2007, la NSABB avait pris position contre cette idée, et le débat n’est pas allé plus loin. L’expérience de Ron Fouchier le remet à l’ordre du jour.

Anne Poupon 
Directrice de recherche au CNRS.



Notes

[1] Martin Enserink, « Scientists Brace for Media Storm Around Controversial Flu Studies », ScienceInsider, novembre 2011.

[2] Joel O. Wertheim, « The Re-Emergence of H1N1 Influenza Virus in 1977 : A Cautionary Tale for Estimating Divergence Times Using Biologically Unrealistic Sampling Dates », PLoS One, 17 juin 2010.

[3] Lire Noah Shachtman, « Anthrax Redux : Did the Feds Nab the Wrong Guy ? », Wired, avril 2011.

[4] Michael Mechanic, « How to Make a Deadly Pandemic Virus », Mother Jones, 3 décembre 2011.

[5] Martin Enserink, « Tiptoeing Around Pandora’s Box », Science, 30 juillet 2004.

[6] John Steinbruner, Elisa D. Harris, Nancy Gallagher, Stacy M. Okutani, « Controlling dangerous pathogens. A Prototype Protective Oversight System », Center for International and Security Studies at Maryland, mars 2007 (PDF).


Source



1) Suite à des cancers dont le gel employé ne serait pas conforme, le retour de 30.000 femmes dans les blocs opératoires a été décidé par les autorités françaises, les conclusions du Groupe de travail de l'Institut national du cancer  (Inca) ne seront connues que le 23 décembre.

1 commentaire:

Laure a dit…

Hongkong a relevé mardi 20 décembre son niveau d’alerte à la grippe aviaire et décrété un embargo provisoire sur les importations de volaille vivante après la mort sur le territoire de trois volatiles porteurs du virus H5N1. Le niveau d’alerte a été relevé à “sérieux”, troisième degré sur une échelle qui en compte cinq.

“C’est le cœur lourd que j’annonce qu’un poulet mort a été testé positif au virus H5N1 après un contrôle de routine”, a déclaré le directeur de la santé de Hongkong, York Chow, lors d’une conférence de presse mardi soir. Les autorités locales ont suspendu pour 21 jours le commerce de poulets vivants, ainsi que leur importation de Chine continentale.

Après la découverte de ce poulet malade, les autorités ont ordonné l’abattage immédiat de 17 000 poulets, abattage qui a débuté dès mercredi 21 décembre dans un marché aux volailles de gros à Hongkong.

DEUX PERSONNES HOSPITALISÉES

Les carcasses d’un Shama dayal – un passereau – et d’une mouette rieuse ont par ailleurs été testées positives au H5N1. La personne qui a ramassé la mouette dans la cour d’une école, ainsi que son fils, ont développé des symptômes grippaux. Ils ont tous deux été brièvement hospitalisés. Selon la télévision publique RTHK, une vingtaine d’élèves d’une école de filles, âgées de six à sept ans, présentent également des symptômes grippaux mais n’ont pas été hospitalisées.

Hongkong avait été le premier pays à connaître une épidémie de grippe aviaire d’importance en 1997, avec la mort de six personnes, provoquée par une mutation à l’époque inconnue du virus. Des millions de volailles avaient été abattues.

La souche H5N1 du virus de la grippe aviaire contamine les oiseaux, mais peut affecter également les humains. Elle est létale à environ 60 % chez l’homme. Les contaminations se sont jusqu’ici déroulées de l’animal vers l’homme mais les scientifiques craignent qu’une mutation permette des contaminations d’homme à homme, déclenchant une pandémie. Les épidémies de maladies infectieuses sont prises très au sérieux à Hongkong depuis l’épidémie de pneumonie atypique (SRAS) en 2003, qui y avait fait 300 victimes.