"La Vie Hospitalière"

mardi 10 avril 2012

La casse de l’hopital de Privas ( Ardéche) continue !


Une jeune maman a envoyé une lettre à différents élus, à l’hôpital de Valence, l’hôpital de Privas et’à l’Agence Régionale de Santé.  


Notre système de santé va mal. L’hôpital public est en danger.   Mon histoire renforce encore un peu plus l’importance de la nécessité de maintenir la maternité de Privas.   Je vous demande de faire tout ce qui est en votre pouvoir pour vous opposer aux fermetures en cours, prévues, envisagées, pour réclamer des fonds auprès des pouvoirs publics afin de rouvrir des lits supprimés et en créer de nouveaux, si nécessaires , pour répondre aux besoins des populations. Je vous remercie de me rendre compte de toutes les démarches que vous aurez entreprises en ce sens. Une usagère très très déçue mais attachée au service de l’hôpital public.     

 Objet : réclamation   

 Madame, Monsieur,  

Je vous adresse aujourd’hui ce courrier pour vous faire part de mon indignation devant un service public de santé dégradé de jour en jour ! En effet, mon mécontentement concerne l’hôpital de Valence. Entendons nous bien sur le terme hôpital. Je parle ici d’un ensemble, pas du personnel mais de l’organisation hospitalière. J’ai accouché le 29 Décembre dernier (29/12/2011) dans des conditions chaotiques dans cet hôpital. (Je suis suivie par le service gynécologie de Valence depuis plus de 10 ans et avait bien prévu d’y accoucher)  Je m’explique : je suis arrivée le 28/12 vers 23h pour accoucher.  La sage-femme m’a vite fait comprendre que le service été saturé. Je suis rentrée en salle d’accouchement vers 3h pour accoucher à 5h30.  Je me suis retrouvée seule (avec mon mari (aucune blouse de protection lui a été remise) pendant tout le travail car il y avait d’autres accouchements et que le personnel était trop peu nombreux.  La sage-femme est arrivée pour sortir mon bébé tout en ayant un œil sur les autres monitorings des femmes accouchants elles aussi dans les autres salles. (Par un système informatisé présent à mes côtés).Bien que très compétente et humaine, elle m’a rapidement laissée avec mon bébé pour s’occuper d’autres femmes. Mon fils est resté contre moi nu afin de faire du « peau à peau »à ma demande. Mais très vite ce « peau à peau » à duré d’interminable heure. Seule dans cette salle d’accouchement, faute de personnel je me suis résignée à enrouler mon fils dans mon écharpe. Une sage-femme est venue me dire à 9h30 qu’il n’y avait pas de lit pour moi, qu’ils cherchaient une place. Je lui demande à cet instant de sortir de la salle d’accouchement où j’attends depuis 4heures dans une position désagréable (table d’accouchement) et demande un lit et une couverture pour mon fils que je tiens dans les bras depuis 4 heures. Peu de temps après, vers 10h je suis transférée dans une salle de travail (où une femme est déjà, en phasse de réveil après une césarienne) le va et vient du personnel est incessant, je réclame une couverture pour moi et à nouveau un lit pour mon fils. Le personnel m’explique que le service est plein, qu’ils n’ont plus de lit pour mon bébé !!!! et qu’ils me cherchent une chambre et iront voir s’ils trouvent une couverture (frigorifiée par la climatisation, je me couvre avec ma veste). Mon fils aura un lit à 14h30 soit 9h après avoir accouché ! Ma fille (mon aîné) souhaite me voir ainsi que voir son petit frère. Le personnel refuse car je suis à l’étage des accouchements et non à la maternité. Devant mon insistance, car convaincue que cet instant est important pour moi et pour elle, on accepte que ma fille voit mon fils dans le hall de la maternité ! Cette « rencontre » intime tant importante à mes yeux restera un de mes pires souvenirs : Mon fils entre 2 courants d’airs (tel un hall de gare) ; ma fille (ainsi que les passants) me voyant couverte uniquement par une chemise de l’hôpital, épuisée sur une chaise à roulettes… expliquant à ma fille de 4 ans que je n’ai pas de chambre pour la recevoir. A bout physiquement et nerveusement je craque et demande un transfert express à la maternité de Privas pour pouvoir être prise en charge dignement. Je demande un traitement anti-douleur car j’ai de violentes contractions, l’on me répond que je n’y ai pas droit. ( ??!) ; ainsi que du Lovenox+bas de contentions car je suis sujette au phlébite et que c’était prévu initialement (comme pour mon premier accouchement) ma demande ne peut aboutir car ils ne retrouvent pas cette « partie » de mon dossier expliquant mes problèmes circulatoires. Je suis enfin transférée avec mon fils ce même jour à 17h à la maternité de Privas. Heureuse de trouver un vrai lit pour mon fils et moi ainsi que des couvertures, dans une vraie chambre. Soulagée par la douleur, et prise en charge avec de l’Eparine, j’aspire à un peu de repos et afin pouvoir « rencontrer » mon bébé. Trois jours après mon accouchement je me plains toujours de violents maux de ventre, le personnel de Privas me fait faire des examens complémentaires (Prélèvement, analyses urines + sang) pour m’annoncer que j’ai contracté une importante infection lors de l’accouchement (echérichia coli + stréptoquoque B) qui m’a contrainte à prendre un antibiotique (Amoxiciline) qui a été résistant puis un autre (Furadantine) pendant 1 mois !
Par chance mon fils n’a pas été contaminé ! Par chance l’infection est partie, j’ai pu continuer à allaiter mon fils. Je suis scandalisée de voir qu’en France, en 2012, dans un hôpital Public, (financé avec nos impôts) l’on puisse accoucher dans de pareilles conditions ! Vous ne me rendrez pas les premiers instants magiques que je n’ai pas eus avec mon fils (dû uniquement à un chaos hospitalier et non pour des raisons médicales). Vous ne me rendrez pas les premières semaines perdues (d’épuisement physique qui s’en sont suivis dû à la douleur et aux traitements antibiotiques) de mon congé maternité pour materner et créer du liens avec mon fils. Je ne mets pas en cause le personnel hospitalier (qui est contraint de travailler dans des conditions inacceptables !) je mets en cause la fermeture des maternités environnantes Valence qui contraint les femmes à accoucher à Valence, je mets en cause le nombre trop faible de lit à la maternité pour le nombre d’accouchements, le manque d’effectifs évident.
 Je reconnais l’utilité, la compétence et la nécessité de la maternité de Privas en Ardèche qui est menacée d’année en année de fermeture.
Nous ne pouvons pas accepter d’être pris en charges dans des hôpitaux publics dans de telles conditions ! Doit-on aller dans des cliniques privées pour être soigné dignement ? N’est-ce pas la santé à deux vitesses ? (Une pour les personnes aisées financièrement et l’autre pour les plus modestes ?) Nous devons réagir ! Ne pas accepter l’inacceptable ! La santé est l’essence même de la vie ! Une société malade est une société qui va mal !
Non à la suppression des lits !
Non à la suppression de personnel !
Non à la fermeture des maternité !
Nous ne pouvons pas penser le service public hospitalier comme un service rentable où le rendant et l’esprit comptable prévaut sur la santé et la dignité humaine ! J’espère par ce courrier vous avoir interpellé et qu’ainsi vous ferrez tout ce qui est en votre pouvoir pour sauver notre service de santé. 

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