"La Vie Hospitalière"

samedi 28 juillet 2012

Suicides et mal-être des soignants: Il y a urgence !


La violence envers les soignants est manifeste à  l’Hôpital Paul Guiraud.

L’année dernière  27 % des accidents de travail étaient relatifs à des agressions de patients sur  les soignants, les conditions de travail pour le reste  ne sont pas sans interrogations…
 Une réalité de l’esprit  hospitalier actuel : « gestion des risques »,  « gestion des patients », « gestion des personnels »…tout est dans la gestion ("management" à l'heure américaine)…et beaucoup de gesticulations propres à des méthodes qui il y a encore quelques années n’étaient pas courantes…et qui sont bien éloignées de ce que doit être un hôpital qui doit avant tout mettre en avant l’humain et non aller vers une "logique d'optimisation" de tout ce qui peut rapporter de l'argent, ce qui est une dérive malsaine…

Après France-Telecom, La Poste, et bien d’autres (ministère du Travail (1)…) les personnels soignants arrivent eux aussi aux extrèmes et c’est là le comble !
Et, c’est là que l’on voit toute la perfidie du système mis en place (2) quelque soit les critiques que nous pourrons avancer, la vie des êtres qui ont préférés partir à jamais est un prix à payer qu’aucun agent hospitalier doit payer !

Ainsi rien que pour l’Hôpital Paul Guiraud : une aide-soignante a été retrouvée pendue dans le couloir de son appartement de fonction, elle avait été violement frappée par un patient six mois avant… pour être concis : elle a très mal vécue cette agression, mais dans le fond l'économie de personnel fait que ce sont les soignants qui font les frais de patients dangereux et ceci est aussi un facteur à considérer.

Dernièrement une infirmière convoquée par la direction de l’établissement qui  refusait de motiver cette convocation (dite convocation connue près d’un mois à l’avance…si ce n’est pas une forme de pression ceci y ressemble toutefois…).Cette infirmière avait envoyés plusieurs courriels à ses supérieurs pour connaître la raison de cet entretien, mais elle n’a pas eu de réponse ?...

Est-ce bien normal, surtout dans un établissement particulier comme celui de l’Hôpital Paul Guiraud ? L'impact de telles méthodes sur une personne n'est pas sans effet particulièrement au niveau psychologique ...

Lors de l’entretien  l’infirmière a été accusée de discrimination…était-il nécessaire d' attendre 1 mois pour une telle accusation ? ...
Le médecin-chef  lorsqu’il a vu cette infirmière en  détresse  a tenu à avoir avec elle un entretien...(...)...ce que nous savons c'est qu'au cours de son service  elle s’est écroulée...hospitalisée elle n'a hélas pas survécu des suites d’un AVC dit-on officiellement…



Assez de management et plus de ménagement vis à vis des personnels soignants !

La souffrance au travail fait de plus en plus de ravages, les conditions de travail, les économies faites sur le dos des personnels, les pressions de toutes sortes ne sont pas sans effet…et elles ont un prix à payer comme toutes choses dont les excès sont inévitablement les causes de situations graves.

L'absentéisme est en augmentation c'est le signe d'un malaise persistant au sein des services hospitaliers, dont les agents confrontés quotidiennement avec la maladie, la souffrance etc...se retrouvent dans des situations qui ne leur permettent pas d'exercer normalement (le manque de temps pour s'occuper des patients convenablement est inadmissible alors que la relation humaine est importante dans les professions de Santé) etc etc il y a beaucoup à écrire et nous pouvons déborder très rapidement du sujet.
Ceci écrit les médecins de l’établissement ont saisis les tutelles dont Monsieur Claude Evin directeur de l’ARS d’Ile-de-France pour dénoncer les effets pernicieux des méthodes notamment, un expert médical a été nommé. Il devra trancher sur l’imputabilité de l'administration dans ce décès...le mal est fait toutefois...

 Pour  « La Vie Hospitalière » Il y a là des responsabilités (y compris morales) qui ne sont pas à sous estimer, c’est là encore les pressions exercées sur les personnels qui font que plus rien ne va, les conditions de travail  sont devenues extrèmement préoccupantes pour la santé même de tous les agents et ceci est un comble.

Les responsabilités il faudra bien les trouver, car c’est honteux ce qu’il se passe de plus en plus dans certains établissements de santé.

Il y a urgence !

1) Rappelons ici même le suicide d'un inspecteur du travail, le 18 janvier 2012 qui a évoqué dans des notes les propos dégradants de son chef, et, sa surcharge de travail, il n'avait que 32 ans.
N'oublions pas tout autant  le suicide d'un autre inspecteur du travail (9 mois auparavant) , secrétaire national du SNU-TEF/FSU, dans les locaux du ministère du Travail. 

2) Tout va mal depuis la libéralisation des services, depuis l’AGCS particulièrement, depuis les dérives de la RGPP...
Les conditions sont créées petit à petit pour détruire tout ce qui peut l’être au nom de la politique du chiffre…la pression est constante sur les personnels, elle est intolérable !


Voir aussi : Quatre hospitaliers du CHU de Lille se suicident


Et, pour ne pas conclure : 
Il est grand temps de redonner
aux services publics 
des moyens corrects et dignes,
tant financiers qu'en personnels.

3 commentaires:

Environnement Sociétal a dit…

L’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP) a indiqué le 12 juillet 2012 qu'elle allait reconnaître comme étant imputable au service le suicide en 2008 d'une cadre de radiologie de l'hôpital Bichat-Claude Bernard (Paris), à la suite d'une décision du Tribunal administratif de Paris.

AP-HP : le suicide d'une cadre reconnu imputable au serviceCette cadre de 32 ans s'était suicidée à son domicile le 1er juillet 2008 et avait laissé une note dans laquelle elle dénonçait ses conditions de travail, rappelle-t-on. Les parents de la cadre, accompagnés par le syndicat SUD santé de l'hôpital Bichat, ont demandé en août 2009 l'imputabilité au service du suicide de leur fille. La commission de réforme de l'AP-HP a rendu le 16 mars 2010 un avis favorable mais le directeur général de l'AP-HP, Benoît Leclercq, a refusé de suivre cet avis dans une décision datée du 14 septembre 2010. Pour le Tribunal administratif, "des raisons objectives liées à la charge de travail et donc aux conditions de service sont établies et constituent la cause déterminante du suicide", selon le jugement daté du 21 juin 2012.

La cadre a rejoint l'AP-HP en juillet 1996 en qualité de manipulatrice en radiologie puis, après être sortie major de sa promotion à l'institut de formation des cadres de santé de La Pitié-Salpêtrière, elle a intégré en janvier 2006 un poste de cadre en médecine nucléaire à l'hôpital Beaujon (Clichy, Hauts-de-Seine) et a été mutée en octobre 2006 dans l'équipe d'encadrement du service de radiologie de l'hôpital Bichat (350 patients par jour, 2.500 mètres carrés). Ce service comportait alors un cadre supérieur et un cadre de proximité "en lieu et place des cinq postes de cadres historiquement présents", est-il indiqué dans le jugement.

A partir de septembre 2007, à la suite du départ en mutation de l'autre cadre, la fille des plaignants est restée la seule cadre de proximité du service. Elle a été suivie dès juin 2007 par un psychologue de l'hôpital Fernand-Widal (Paris) en raison de "ses difficultés au travail et son sentiment d'incapacité d'y faire face", selon le certificat établi par le praticien. Sur la période allant de décembre 2006 à juillet 2008, la cadre a effectué de nombreuses heures supplémentaires correspondant au final à 153 jours. Dans la lettre qu'elle a laissée la veille de son suicide, elle a exprimé "son calvaire au travail". "Aucune autre cause en particulier d'ordre personnel ou privé n'est susceptible d'expliquer son geste", note le tribunal. Il conclut donc que le suicide a pour cause déterminante les conditions du service et est ainsi imputable au service, même si la cadre "a pu bénéficier, lors des difficultés de travail rencontrées, du soutien des membres de l'équipe de radiologie".

Le Tribunal administratif annule la décision du directeur général de l'AP-HP du 14 septembre 2010 et enjoint l'AP-HP de déclarer le suicide imputable au service dans un délai de 15 jours à compter de la notification du jugement. Le 12 juillet 2012, l'AP-HP a indiqué qu'elle prenait acte du jugement et qu'elle adressera dans les prochains jours une décision à la famille de la cadre reconnaissant le suicide comme étant imputable au service. L'institution a par ailleurs précisé que le service de radiologie de l'hôpital Bichat avait recruté trois cadres de proximité et que des travaux avaient été réalisés pour améliorer les conditions de travail.

Dans un communiqué diffusé jeudi, SUD santé AP-HP se félicite de la décision du Tribunal administratif. Le syndicat attire l'attention sur la pénibilité des conditions de travail des agents et des cadres, qui "se dégradent inexorablement dans l'application aveugle de politiques de restriction budgétaire qui étrangle les hôpitaux". "Cet épilogue doit faire réagir l'institution et sa direction générale mais aussi les pouvoirs publics", souligne-t-il.

Laure a dit…

Voir le site de la Confédération des Praticiens Hospitaliers

http://www.cphweb.info/spip.php?page=imprimer&id_article=661

Crazy little nurse a dit…

Merci pour cet article. Infirmière moi-même j'ai été de près ou de loin confrontée au suicide ou tentative de suicide de soignants. Je recherchais des données fiables pour écrire un billet à ce sujet et c'est sans surprise que je me suis aperçue qu'il était très difficile d'obtenir des chiffres. Je me demande si proportionnellement les infirmiers/aides-soignants sont plus enclins à se suicider que la population générale? Si oui, est-ce une question de " profil type du soignant" ou est- ce vraiment en grande partie à cause de nos conditions de travail?