"La Vie Hospitalière"

mercredi 6 mars 2013

Violences aux urgences: exaspération à l'hôpital Nord de Marseille


Violence des patients, agressivité des proches: des médecins et infirmiers de l'hôpital Nord de Marseille ont exprimé mardi leur exaspération, après la multiplication d'actes de violence ces derniers mois dans le service des urgences de l'établissement.

Dimanche, un homme mécontent d'un certificat médical a menacé le médecin qui l'avait soigné de revenir avec une kalachnikov, s'il n'obtenait pas le nombre de jours d'arrêt souhaité. Il est actuellement recherché par les services de police, qui ont ouvert une enquête.

Lundi, c'est un homme et son frère, blessés dans un accident de la circulation qui ont créé l'incident. L'un d'eux, qui ne supportait pas d'attendre, a cassé une porte à coups de poing, a expliqué mardi le Dr Philippe Jean, chef du service des urgences de l'hôpital Nord, lors d'un point de presse. Deux vigiles de l'établissement ont été blessés dans l'altercation.

La direction de l'hôpital et les deux vigiles ont porté plainte, et les deux frères ont été interpellés par la police, puis placés en garde à vue pour violences volontaires en réunion et dégradation. Ils devraient être présentés mercredi au procureur de la République.

Nous enregistrons malheureusement un accident par mois de cette gravité, a déploré mardi le directeur de l'hôpital, Gilles Halimi.

Dans les couloirs des urgences de l'établissement, situé dans les Quartiers nord, dans une zone parmi les plus défavorisées de Marseille, beaucoup confient avoir subi des violences verbales ou physiques.

Ainsi Maéva Delaveau, médecin urgentiste depuis 10 ans à Marseille, qualifie ces actes de violences de complètement délirants. Il y a quelques semaines, un patient n'était pas satisfait de son certificat médical, alors il m'a craché dessus. Il voulait une semaine de plus et a essayé de me frapper, dit-elle.

Une autre fois, se souvient-elle, il y avait un patient qui voulait que je le soigne mais pas que je l'examine. Donc quand j'ai commencé à vouloir regarder son pansement, il m'a frappée.

L'hôpital Nord n'est pas un cas isolé et à l'échelle nationale, 5.760 faits de violence ont été signalés en 2011, selon les derniers chiffres de Observatoire national des violences en milieu de santé, cités par l'Assistance publique-Hôpitaux de Marseille. Dans 51% des cas il s'agit de violences physiques, soit une hausse de 4% par rapport à 2010, selon la même source.

Les trois services les plus touchés sont la psychiatrie (25%), les urgences (15%) - en augmentation de 1,5% - et la médecine générale (12%).

On le vit très mal, on a l'impression d'être incompétent. On n'est pas en quantité suffisante pour répondre rapidement à toutes les attentes. On fait ce qu'on peut pour prendre en charge (les malades) au plus vite, témoigne Virginie Louviaux, infirmière depuis un an au service des urgences.

Il faudrait une sécurité plus soutenue, par exemple des renforts de police de temps en temps, parce que face à nous on a des gens armés, ajoute-t-elle.

De nombreuses infirmières qui sont de garde de nuit expliquent avoir la boule au ventre au moment de prendre leur service, dit l'une d'elles.

Pour le Docteur  Jean : "la violence urbaine est désormais importée à l'hôpital. Il n'y a plus de respect de l'institution".

Parmi les facteurs de crises, les équipes citent le non-respect des règles de visite, et le fait que le nombre d'accompagnants dépasse souvent la règle d'un seul par box de soins. Le respect de cette mesure éviterait des débordements inutiles, souligne le Dr Jean.


( Source AFP)

Aucun commentaire: