"La Vie Hospitalière"

mercredi 30 octobre 2013

Urgences sacrifiées pour la spéculation : Faut-il attendre un mort pour agir ?



Anne, l’Hôtel-Dieu, Anne, ne voit toujours pas revenir les pompiers !
 Le vœu du 14 octobre 2013 du Conseil de Paris contre la fermeture des urgences de l’Hôtel-Dieu et pour un moratoire sur l’ensemble des transferts de services et organisation des urgences reste lettre morte. 
Depuis le 22 octobre 2013, les pompiers ont reçu pour ordre de diriger les patients vers d’autres hôpitaux parisiens, dont les urgences sont saturées à plus de 200 %. Interrogée le 28 octobre 2013 sur la matinale de France Inter, Madame Anne Hidalgo déclarait : « (…) c’est un moratoire que nous avons voté, nous les élus parisiens demandant qu’il n’y ait pas de fermeture le 4 novembre des urgences de l’Hôtel-Dieu parce qu’il n’y a pas aujourd’hui la capacité à Paris dans les autres hôpitaux (…) pour accueillir les personnes qui ne pourraient plus aller en urgence à l’Hôtel-Dieu. (…) sur les pompiers, je crois qu’il y a déjà une évolution puisque cette directive consistant à dire que les pompiers n’avaient plus à amener des patients à l’Hôtel-Dieu, c’est terminé. »

Faux, c’est faux Madame Hidalgo, les pompiers ne sont pas de retour à l’Hôtel-Dieu ! Malgré l’avertissement du Général Médecin Chef des services de la Brigade des Sapeurs-Pompiers de Paris (BSPP) qui indiquait « cette fermeture est un véritable enjeu. Nous ne pouvons pas rester sans rien faire » et les nombreuses alertes lancées notamment par les urgentistes de l’Hôtel-Dieu, aucun acte à ce jour de l’exécutif parisien ou tout autre acteur en responsabilité n’est intervenu pour remédier durablement à cette situation. Incontestablement, il s’agit donc d’une volonté claire et déterminée de laisser faire et de ne pas tenir compte des risques aggravés de surmortalité due à l’attente aux urgences dans la capitale qui résulteraient de la fermeture des urgences de l’Hôtel-Dieu.

A ce stade, sans une action immédiate sous 24 heures, le choix de chaque élu, responsable politique ou administratif sera clair :  Paris qui ose mettre en danger les patients en saturant encore plus ses urgences ; Paris qui ose jeter à la poubelle les millions d’euros investis pour rendre l’Hôtel-Dieu opérationnel et aux normes dont les urgences ;  Paris qui ose remplacer l’Hôtel-Dieu par des bureaux administratifs, un musée et de simples consultations ne se substituant en rien à des urgences (120.000 par an). Pendant ce temps, la candidate de l’UMP attend dans l’ombre en espérant recueillir les fruits de l’inaction de l’exécutif : celle qui aime Paris mais qui laisse démanteler les services d’un hôpital dont ses urgences, sans réagir pour aider à une action. 

Pendant ce temps, Monsieur Delanoë joue double jeu en se prononçant contre la fermeture de l’Hôtel-Dieu et ses urgences, tout en laissant son Adjoint à la Santé, Monsieur le Guen, en faveur de cette fermeture, au conseil de surveillance de l’AP-HP et conduire la commission municipale de réflexion sur l‘Hôtel-Dieu. Pendant ce temps, la Ministre de la Santé se tait oubliant sa crainte de l’été dernier de voir se reproduire en 2014 la sursaturation hivernale des urgences en 2013. Pendant ce temps, l’AP-HP continue à démanteler l’Hôtel-Dieu afin de permettre ensuite à tous les acteurs en responsabilité de feindre de découvrir que les conditions de sécurité d’un hôpital avec lits et doté d’urgences ne sont plus réunies. Quelle belle unité dans l’inaction !

Il est vrai que les morts qui résulteraient de la saturation des urgences à Paris ne voteront pas. En conscience, nous lançons l’alerte. 

Communiqué l’Hôpital pour tous

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